Vogue et la couverture d’Andreja Pejic : mannequin, trans et magnifique

La mannequin trans Andreja Pejic est présentée dans l’édition américaine du magazine Vogue. Photographiée par Patrick Demarchelier, le portrait de 4 pages est intitulé « The New World » et il est accompagné d’une entrevue. Un tel article consacré à un modèle trans dans le prestigieux magazine de mode est une première.

Un bouleversement survient dans le monde de la mode, déjà en grande effervescence depuis quelques temps. Entre les mannequins (et photographes) qui privilégient les photos naturelles,  on en avait parlé et ça se passait déjà chez Vogue, le retour aux mannequins plantureuses, la mode est en pleine crise identitaire.

Pendant que les catwalks sont en pleine remise en question, le genre humain est, lui aussi, en pleine révolution. Doux paradoxe pour un monde censé dicter les codes, mais en prenant un peu de recul, on constate qu’il n’a pas revu les siens depuis un bon moment.

La mannequin serbe arpente les catwalks depuis maintenant quelques années. Ayant débuté sur les podiums masculins, Andreja a déjà convaincu sur les podiums féminins. Les créateurs exploitent depuis longtemps son côté androgyne. Avant qu'elle s'affiche comme femme, quand on l'identifiait comme homme, la mannequin avait clôturé, dans la robe de mariée, le défilé haute couture printemps-été 2011 de Jean-Paul Gaultier.

Ici, il est question d’esthétique et uniquement d’esthétique, et de la question d’un corps qui doit mettre en valeur la coupe d’un vêtement, une matière. Il est certain que ça déplait ou cela va déplaire à certains acteurs du monde de la mode, mais la réticence au changement est à mon avis une barrière à l’évolution et a fortiori dans un milieu créatif, quel qu’il soit.

Mais Andreja vient définitivement de remettre en question encore un peu plus les codes en devenant l’égérie de la marque canadienne Make up for ever, comme le confirme le site Dazed. Certes, elle représentera la marque uniquement en Amérique du Nord, mais cela reste un choix audacieux de leur part. 

L’Amérique est-elle prête?!