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Doit-on tolérer tout le monde? L’opinion de l’oncle Idoine
Crédit: vichinterlang

Rocco Idoine répond à toutes vos questions existentielles. Relations amoureuses, spiritualité, sexualité, mode, belle-mère chiante, peu importe: vous avez des questions?
Écrivez à [email protected].

Chers barbiers, barbières,
 
Autant j'apprécie que vous donniez une plus large couverture aux moeurs sexuelles / intimes / relationnelles, qui plus est par l'intermédiaire d'une formule amusante comme le courrier des lecteurs, le ton que vous employez me met mal à l'aise.
 
Je trouve que vous vous posez en police de l'ouverture, et ce de manière très peu tolérante – paradoxalement. Peut-être trouvez-vous que le ton sarcastique est amusant, mais pour moi l'effet est celui d'une douche froide. Il me semble que vous affirmez d'emblée la supériorité d'une conception bien particulière des moeurs intimes sans toutefois prendre en considération le bagage émotionnel / le vécu / les valeurs / les repères de ceux qui vous écrivent ou qui vous lisent – lesquels peuvent être très différents.
 
Il ne m'a pas échappé que les lettres que vous commentez ainsi sont possiblement fictives – ou du moins modifiées de manière à appeler une réponse plus cinglante encore, puisque les destinateurs de ces lettres sont jusqu'à présents caricaturaux -, mais votre ton m'énerve même en prenant ce facteur en considération.
 
C'est que voyez-vous, dans la sphère de l'intime, tout ce qui se passe entre adultes consentants est bien et bon (dans la mesure ou aucun tort n'est commis ; mais évitons les débats d'experts sur l'éthique de la vie sexuelle au sens large). On ne peut légitimement imposer que ce qui est bien et bon pour l'un – ou un groupe – doivent forcément l'être pour l'autre – ou un autre groupe.
 
Plutôt que de vous poser en propagandistes de l'ouverture d'esprit, méprisant ceux qui ont d'autres valeurs, je vous enjoins à souligner l'importance capitale de la communication ouverte et respectueuse des différences. Parce qu'au-delà des différences si visibles et des maladresses de ceux et celles qui apprennent à vivre, on retrouve une expérience humaine commune et des émotions similaires : la peur, la joie, l'amour, le désir, la honte, l'admiration, etc.
 
Bref, bon sujet, mais le traitement peut être grandement bonifié.
 
Salutations cordiales,
Simon

Simon, j’apprécie votre courriel. J’aime quand on me lob de belles grosses softball comme ça.

Monsieur Simon, vous me demandez, ici, de tolérer l’intolérance. Un beau paradoxe.

Vous me demandez donc de me suicider.

Parce que les intolérants sont ceux qui battent les homosexuels gratuitement.

Et si je tolère les intolérants, mes amis risquent de se faire battre.

Autre chose : votre argument sur l’imposition de la morale d’un groupe sur l’autre ne tient pas la route. Quand on laisse les intolérants avoir des enfants et que ceux-ci sont différents de ce que leurs parents espéraient, ils en souffrent, parfois à mort.

Dernier point : vous me reprochez de ne pas « prendre en considération le bagage émotionnel / le vécu / les valeurs / les repères de ceux qui vous écrivent ou qui vous lisent ». Je suis convaincu que la réponse d’un chroniqueur dans un magazine pour hommes n’a pas le pouvoir d’ébranler tout le système de valeurs d’un individu.

La tolérance, ce n’est pas un absolu. Parce que, si on tolère les intolérants, ils vont éliminer les tolérants.

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