Aller au contenu
Retour sur la première édition du Mile Ex End Musique Montréal
Crédit: Nicolas Abou

La toute première édition du Mile Ex End Musique Montréal avait lieu au cours du week-end dernier. Un nouveau venu qui ne semblait pas complexé de s’immiscer avec panache dans l’agenda culturel. L’impressionnante organisation est parvenue à exploiter le charme d’un lopin inutilisé pour concevoir son site dans l'interstice de deux quartiers centraux. Entre la négligence bétonnée et une nature citadine, un petit monde éphémère est apparu le temps d’un week-end. Les festivaliers, originaires d’un peu partout dans la province et même d'Ontario, avaient droit à la crème de la musique montréalaise, la programmation offrant un bel équilibre entre une relève fougueuse et des artistes établis.

La foule, qui se comptait par milliers, voyageait au rythme des accords entre les trois scènes; la gigantesque scène Mile Ex, située entre deux brontosaures gonflables et ceinturés par des bars et des camions de bouffe de rue, faisait lieu de scène principale. La scène Mile End, chapeautée par le viaduc et ses graffitis, affichait un cachet nettement plus urbain, et la scène Van Horne, coincée entre une usine et le chemin de fer, n'était certes pas vide de charme. On se rencontrait au centre, autour d’un verre, où s'alignaient des tables de pique-nique éclairées par des luminaires suspendues au viaduc. Un terrain de jeux pour tout petit était également fort populaire afin de donner un répit aux nombreux parents. À l’instar du Vancouver Skate Plaza et du Underpass Park torontois, ces lieux délaissés réinvestis deviennent de plus en plus accessibles aux résidants des métropoles.

Crédit: Nicolas Abou

Sous un ciel maculé, nous avons eu droit samedi à un répertoire coloré gravitant principalement autour du rock. Des moments forts, on retient les progressions psych d’Adam Strangler, les tons dub du groupe new-yorkais Megative, la voix chaude de Suzanne Vega trouvant écho en la prestation intime de Cat Power et City and Colour, projet acoustique post-Alexisonfire du Canadien Dallas Green, a su émouvoir une foule convaincue. Une première journée tout en agrément. On en ressort vivifié et étonné par l’efficacité de l’orchestration.

Malgré un dimanche imbibé sous un déluge biblique, les festivaliers ont bravé les intempéries en nombre et furent récompensés par ces quelques moments où les averses se suspendirent par le charme des mélodies. La voix séraphique d’Helena Deland se mêlant à celle du train, le flamboyant set analogue de Kid Koala, l’interprétation personnelle des Temps fous de Daniel Bélanger par Lydia Képinsky, la balade lo-fi de Patrick Watson en pleine assistance, éclairée par des fleurs lumineuses portatives et les méditations instrumentales de Godspeed You! Black Emperor, appuyées par des projections sur pellicule. Applaudissons l'audace d'avoir osé placer une formation aussi anticonformiste comme tête d’affiche.

On peut questionner le coût d’entrée et la concurrence directe avec le FME en Abitibi et POP Montréal, mais il faut admettre que ce fut réalisé dans les règles de l’art. De plus, il s’agissait d’un événement exprimant une volonté inclusive. Saluons l’initiative d’une programmation paritaire entre artistes féminins et masculins, l’absence de panneaux publicitaires et une belle mixité francophone et anglophone.

Somme toute une proposition généreuse, sous le signe de la réussite et il y a fort à parier qu’une seconde édition est déjà en branle.

Pour plus de photos: Mile Ex End Musique Montréal: City and Colour charme (et réchauffe) la foule pour la première journée.

Plus de contenu