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Foodies : manger pour vivre ou pour photographier?
Crédit: Ariane Simard-Picard

Manger avec le ventre ou avec les yeux? Là est la question. Le réflexe normal serait assurément de dire que l'on mange parce que c'est bon, parce qu'on a faim. Mais à bien y penser, manger, c'est beaucoup plus que ça, de nos jours.

Tout récemment, je suis tombé sur un papier assez top, produit par les bureaux montréalais de l’agence Havas : Eaters Digest, The Future of Food in Canada. En tant que foodie 100% fini, disons que j’étais un appât assez facile lorsque j’ai vu passer ça dans mon fil d’actualité.
 
Si, au départ, je croyais m’enfoncer dans une étude théorique bourrée de statistiques, je me suis rapidement rendu compte que la recherche parlait d’un phénomène ultra-actuel, qui touche probablement l’ensemble de notre génération. Si vous êtes sur Instagram et que vous aimez légèrement la bouffe, vous comprenez ce que je veux dire.

La fameuse génération des milléniaux, elle en connait, des choses. Une importante nuance à prendre en compte à ce niveau, c'est que la plupart d'entre eux (et je m'inclus totalement là-dedans) connaissent une tonne de trucs sur la bouffe, mais pas sur la cuisine. C'est-à-dire, on se reconnait dans les restos, les types d'assiettes bistro, la mixologie et les nouvelles tendances gastronomiques. Être au courant de ce qui se passe sur la scène, c'est bon pour le statut et l'image.
 
« Mais comment maîtriser son alimentation lorsqu’on ne cuisine même plus ses repas? Comment conserver un rapport sain à l’alimentation quand on mange non pas pour vivre, mais pour photographier. »

Bam.

Si je prends deux minutes pour penser à mon entourage, c'est assez récurrent. On accorde de plus en plus d'importance au stylisme culinaire et au chef qui prépare notre repas. On organise des voyages autour de la bouffe. On parle de nourriture, on partage nos expériences gastronomiques. Un souper au resto devient une occasion d'augmenter ses likes

Manger est devenu un lifestyle.
 

Cela vient bouleverser la scène sous plusieurs angles: on ne fait plus de pub de la même manière; les cuisiniers ont une tonne d'éléments en tête lorsqu'ils préparent leurs menus; et les repas deviennent de véritables expériences sensorielles. Certains établissements vont même jusqu'à ajuster leur décor et leur éclairage en fonction de ce qui fait le mieux ressortir les aliments et les assiettes dans les photos Instagram.

Une mauvaise chose? Non, je ne crois pas. Ce mode de vie amène non seulement de nouvelles tendances, mais fait également innover le milieu de la restauration. Ce crowd est difficile et s'attend toujours à plus – disons que ça force à être créatif. On en a la preuve, avec l'événement Le Savoir, qui prendra place cette semaine, à l'Usine C, mettant en vedette les deux food architects, Bompas & Parr.

Dans la même lignée, heureusement, nos amis de chez Havas rapportent également qu'on retrouve un intérêt grandissant à vitesse grand V pour le concept de traçabilité et la qualité des aliments qu'on rapporte chez soi, un certain retour aux sources. L'aspect local s'est hissé une place de choix dans les critères de sélections des consommateurs plus conscientisés.

Ce que j'ai bien aimé de ce papier, c'est qu'on y explique les trends, mais aussi leurs limites. Par exemple, c'est bien beau de vouloir manger local, mais parfois, le poisson canadien que l'on veut manger voyagera pendant plus de 4000 kilomètres pour se rendre à nous, plutôt qu'un poisson pêché de manière tout aussi éthique – juste l'autre côté de la frontière du Vermont. Ou encore, si on priorise la consommation d'une tomate qu'on a nous-mêmes fait pousser dans notre jardin, mais qui est peut-être contaminée par la pollution de la ville: la conscience sociale et écologique y est, mais il ne s'agit peut-être pas de la meilleure option au niveau santé. Ça force à réfléchir un peu et à prendre la décision de manger intelligemment. 

Bref, si vous aimez moindrement la bouffe et vous renseignez à ce sujet, ces quelques pages vous plairont, that's for sure.

Bonne lecture!
#foodfirst

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