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Le pétage de coche de Pierre Lapointe, le symptôme d’un mal inquiétant
Crédit: Tout le monde en parle / Facebook

La poule ou l’oeuf : qu’est-ce qui est arrivé avant?

Est-ce que la population consomme du fast food parce que l’industrie artistique lui offre que de la junk, ou est-ce l’industrie qui est obligée de cuisiner tout le temps les mêmes mets réchauffés pour survivre parce que le consommateur crache sur le nouveau et l’audacieux?

Le peuple a applaudi quand Pierre Lapointe s’est mis en tabarnaque contre la «culture du vide à la télévision» dans un segment que beaucoup d’entre vous avez déjà visionné à l’heure actuelle, écorchant avec plus ou moins de retenue ceux qu’il cerne comme étant les responsables du décès de Stéréo Pop, émission de variété musicale sous forme de talk show à Radio-Canada.

Pierre Lapointe est sous les projecteurs devant une bonne partie de l’auditoire québécois. Guy A. Lepage lui rappelle que Stéréo Pop a planté parce que ça s’est pogné solide en coulisses (je paraphrase). En quelques instants seulement, le non verbal posé de la vedette passe d’une amertume mal gérée, à une montée de lait en bonne et due forme contre le maudit système.
 

Richard Therrien a fait ses recherches : si Stéréo Pop est morte dans l’œuf, une grande part de la responsabilité incombe à Pierre Lapointe et pas seulement au télédiffuseur, a découvert le chroniqueur de La Presse selon des sources anonymes. Patrick Lagacé a emboîté le pas à son collègue, soulignant que le chanteur a «enrobé sa colère dans un débat de société

Ça ne m’intéresse pas vraiment de savoir pourquoi Stéréo Pop a foiré. Est-ce que Pierre Lapointe est un tyran artistique, loose cannon sur les bords? J’en ai aucune idée, je le connais pas, je ne le saurai probablement jamais. Et je m’en fous un peu pour être honnête.

Contrairement à Patrick Lagacé, moi, je trouve pertinent que Pierre Lapointe ait gueulé, même si ce n’était pas sa meilleure d’enguirlander publiquement la société d’État. Que ce soit intentionnel ou non, calculé ou pas, Lapointe a fait dévier le thème de l’autopsie de Stéréo Pop vers un débat organique, celui de la consommation de la culture au Québec. Son pétage de coche est le symptôme d'un mal, et non le mal lui-même.

Ce n'était pas bon, anyway

Ça le gosse, Pierre Lapointe, qu’on fasse tout le temps les mêmes maudites affaires à la télé. C’était presque automatique. Il n’a pas pu s’empêcher de le répéter quatre ou cinq fois en tapant un peu partout sur la table et en replaçant sa crinière. Je pense que si Guy A. lui avait demandé pourquoi les Canadiens n'ont pas fait les séries cette année, il aurait détourné le sujet de la même façon.

Stéréo Pop ramassait 265 000 auditeurs. Est-ce que ça se peut qu’encore plus que la guéguerre entre égos quand la caméra ne regardait pas, l’idée à la base n’était juste… pas bonne?
 

Le show, c’était des entrevues entre animateurs et artistes devant public, prestations live incorporées. J’pense qu’on a déjà vu ça. J’pas sûr là. En tant que consommateur, ça me fait peur un peu, parce qu’il y avait plein de cerveaux impliqués derrière la création de ce produit destiné à mousser la scène musicale québécoise. Tout ce que ç’a donné, c’est Stéréo Pop.

J’ai du mal à croire qu’une simple prise de bec entre une vedette grade A et l’équipe de production ait fait couler le bateau. Je veux dire, Pierre Lapointe n’est pas le seul animateur «despote» – s’il en est un – de la province, j’en suis certain. Avant que Lapointe se pogne avec tout le monde, il y a eu des décideurs pour statuer : «Hey, c’est une bonne idée, l’affaire avec Pierre! On fait ça!»

Jouons avec la forme

Moi je dis, attardons-nous donc au produit plutôt qu’aux égos – sinon, on va se chicaner longtemps, et on va rester pris avec les mêmes concepts. Quelque part entre la poule et l’œuf, il y a la fécondation. Dans la culture populaire des dernières années, c’est facile de penser que tout a été fait, des talk shows aux téléromans en passant par les variétés musicales et les jeux télévisés, mais ce n’est pas le cas.

Retournons à la table à dessin, à tout le moins en ce qui a trait aux shows de musique. Ça s'est déjà fait, de bons trucs originaux : pensez à feu Mange ta ville, à BRBR sur TFO, à Fabriqué au Québec et à toutes les autres émission de musique (dans le temps où Musique Plus, c'était bon)…

Y’a juste sept notes dans une gamme. Ton accord de mi mineur, tu peux le jouer ben straight, ben plate. Mais tu peux aussi varger dessus comme un cave jusqu’à ce que les cordes de ta guitare pètent.

J’aimerais ça qu’on se retrouve au milieu, quelque part entre le conventionnel et le disjoncté, histoire que tout le monde soit content.

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