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Suitsupply : le sexisme «en complet» s’installe à Montréal
Crédit: Suitsupply, 2014

C’est pas tant le fait de voir des seins qui me choque.

Des totons, j’en ai vu plein dans ma vie; des petits et des gros, des mous et des faux. J’en ai touché une couple aussi, tsé.

Dans tous les cas, c’est beau, des seins. Dans l’intimité, je les vénère – j’en vénère une paire en particulier quand j'arrive à la maison le soir. Dans le cadre artistique, c’est d’une beauté organique.

Sauf que ce que Suitsupply fait, c’est dégradant, et pas seulement pour cause de sexisme.
 
Les campagnes publicitaires de Suitsupply ayant généré le plus de controverse commencent déjà à dater. Des buddés au milieu d’une gang de filles à moitié à poil, un gars en suit qui s’apprête à baiser; un autre qui check le produit…
 

Campagne publicitaire Suitsupply, 2010
Source : Sunrainey.com

 

Me prenez-vous pour un cave? Suis-je une graine ambulante?
 
Ben oui, toué. Le sexe, c’est la raison première pour laquelle je dois me procurer un complet trendy, a décidé Suitsupply. Deux pour un : achetez un suit, fourrez gratuitement. Je saute l’aubaine… pardon, SUR l'aubaine.

Jamais je ne m’offrirais un costard simplement pour avoir de la gueule, avoir l’air professionnel au bureau et encore moins pour gonfler ma confiance. Je vaux plus que ça, voyons.
 
En date de ce printemps, le site web du manufacturier néerlandais cherche à donner à la femme du pouvoir et de l’autorité. Voici ce qui est écrit (et qu'on a traduit) sur leur page d’accueil, intitulée «Toy Boys» :

«De nos jours, on dirait que notre monde est celui de la femme, et nous ne faisons qu’y vivre. La femme moderne est puissante et confiante; elle sait exactement ce qu’elle veut. […] Vous êtes un playboy, mais qu’arrive-t-il quand le playboy devient un jouet?»

«L’eau est chaude, les femmes sont belles et le soleil plombe. Le plus beau dans tout cela, c’est que nous avons le meilleur complet pour vous en guise d’armure
 
Voyons, sacrament.
 

Je ne vous donne pas le droit d’insinuer que la gestion de mon apparence, dont JE suis le seul maître, est axée sur mon besoin de me pogner des filles.

On ne sait pas quand exactement, mais Suitsupply ouvrira bientôt une boutique rue de la Montagne à Montréal; sa deuxième en territoire canadien. Allez-y les gars, leurs suits sont vraiment slick.

Paraît qu’en achetant un de leurs costards, y’a 72 filles cochonnes qui apparaissent. Y’en a une qui t’évente avec une branche de palmier et une deuxième qui te fait manger des raisins à la grappe.

Les autres se battent toutes nues dans la bouette.
 

Campagne publicitaire Suitsupply, 2010
Source : Sunrainey.com

 

Je passe outre tout ce qui me traverse l’esprit au sujet de l’objectivation du sexe féminin. Je pense que c’est clair. En 2016, on n’a pas besoin de s’étendre.

On n’a pas besoin d’expliquer que de déshabiller des filles spécifiquement sélectionnées à des fins commerciales pour leur apparence supérieure selon les normes sociales, ça se fait pas.

En tout cas, ça devrait pas se faire, mais God knows que les firmes marketing le font pareil, souvent impunément et sans scrupule. Mais qui sommes-nous pour les blâmer? Le sexe vend! Plus la chick est mince, plus le chiffre d’affaires est dodu. C’est ce que le consommateur veut? Gotta give the people what they want.

Les organisations féministes se comptent par milliers et essaient de se dresser contre le phénomène. Je leur laisse ce cheval de bataille et leur offre mon soutien.

Et je réitère ma rengaine à l'adresse de Suitsupply : je suis pas une graine ambulante.
 

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