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L’Anticafé : un café atypique et communautaire où on se sent chez soi
Crédit: iPhone David Girard

À l'origine, ce concept appelé Tsiferblat (cadran de la montre) est né en Russie à l’époque de la récession. Les gens se regroupaient dans une maison désignée où chaque intéressé apportait une contribution alimentaire. Il s'agit certainement d'une belle optimisation des ressources en temps précaire. Quelques cafés ont ensuite vu le jour en Europe, mais de notre côté de l’Atlantique, c’est le premier à s’y établir; à Montréal de surcroît. Soyons fiers! 

 

Pourquoi ce nom? En fait, l'Anticafé va dans le sens opposé du fonctionnement habituel des autres commerces. Certains ont même coupé l’accès internet et couvert les prises électriques pour restreindre les heures passées sur place par leurs clients. C'est là que l'Anticafé s’impose par une approche unique : investir sur son temps passé et non sur le nombre de consommations. « Pour nous, c’est une mentalité de visiteurs et non de clients » indique Marie, une employée. LA nuance qui fait toute la différence.
                                              

Crédit photo : Facebook Anticafé 

D’emblée, le lieu de l'Anticafé (celui sur Sainte-Catherine Ouest) est quelque peu dissimulé et donne l’impression d’accéder à un endroit privilégié, voire secret. Gentiment accueilli par Marie (c’était comme si on se connaissait depuis des années), j’ai rapidement été envahi par un sentiment de grand confort. « Mets des pantoufles et passe me voir dans la cuisine, si tu veux, j’te prépare un bon café! » What?! J’suis donc bien heureux d’être rentré ici moi. 

S’ensuit une inscription facile et une visite des lieux où la décoration bigarrée, les tasses de thé, les biscuits et bonbons étalés sur la table me rappellent inévitablement les doux dimanches passés chez grand-maman. 

 

Crédit photo : David Girard 

L’aspect social

C'est de loin l’élément qui frappe le plus. Ailleurs, la norme ne nous pousse guère à entamer une conversation avec un étranger. Ici, on l'encourage. On découvre une espèce de microsociété où l’on ne passe pas pour un fou en s’adressant à l’inconnu assis à nos côtés. Beau feeling, surtout en 2016.

Les gens paient donc à l’heure (pour un maximum de 9,00$ par jour). Un excellent investissement pour, entre autres, combattre la solitude, briser la routine, profiter d’un endroit convivial et rassembleur et générer encore plus de chaleur humaine.

Crédit photo : David Girard

L’aspect culturel 

Travaillant dans l’industrie pharmaceutique en France, Cassandre a décidé de tout plaquer. Maintenant installée à Montréal, elle est passée de cliente à gestionnaire des communications & relations de presse de l'Anticafé. « Malgré son ouverture plutôt récente, un foisonnement culturel inédit se fait déjà sentir : musique, télévision/films, service de thé, club de lecture, jeux de société, meet-up, activités, galerie d’art, échange de langues et bientôt tricot » me dit-elle.

Crédit photo : Facebook Anticafé (Orange Mist)

L’aspect communautaire

Ici, tout le monde participe, aide et s’entraide. Il y a un amalgame de gens, de cultures et d’âges qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. En plus, c’est très écoresponsable avec un système de recyclage, de compost et où chaque individu fait sa propre vaisselle.

C’est le principe « comme à la maison ». Il est donc possible d’apporter son lunch (mais pas d’alcool par contre) ou même de se commander de la nourriture. Moi qui viens à peine d'arriver, j’ai déjà envie d’élire l’Anticafé comme quartier général, surtout avec l'évocation de son préfixe qui sonne à mes oreilles :

  • Anti-capitalisme
  • ​Anti-individualisme
  • Anti-surconsommation
  • Anti-technologie (sauf pour le wi-fi afin de pouvoir travailler bien sûr)

Bref, anti-faire-comme-les-autres et j'aime ça! C’est la meilleure façon de se distinguer tout en restant inclusif. Et avec le système hiérarchique d’aujourd’hui et ses intermédiaires qui s’en mettent plein les poches, parions que ce ne sera pas le seul mouvement « anti » à émerger.

Crédit photo : David Girard

Bientôt prêt de chez vous 

David Chevrier, gestionnaire et partenaire de l’Anticafé de la Place des Arts, ouvrira à son tour sa propre franchise au 3989 rue Ontario (ancien Benjamin Moore) dans Hochelaga-Maisonneuve en avril prochain. « Je me garde des surprises, mais je peux te dire qu'il y aura deux sections principales », me confie-t-il.
 

  1. Vous pourrez amener votre chien! Parc, jeux & obstacles, biscuits et zone de toilettage (à faire soi-même il va sans dire) il y aura. 
  2. Et question de ne pas trop ankyloser à force de rester assis et engloutir les biscuits : un gym! 

Une autre section, payante celle-ci, comprendra un bar à biscuits (pour chiens!) et une machine distributrice de nourriture santé (pour humains!).

De plus, afin de voir son projet se réaliser, David est allé chercher deux grands partenaires : Pattes & griffes (une anti-animalerie) et ARTE Montréal (un grand centre de récupération de meubles et d’accessoires offrant un système de réinsertion sociale). « C’est le IKEA de la réutilisation »,  me lance-t-il à la blague. D'ailleurs, tous les meubles et accessoires de l’Anticafé sont à vendre, et ce, à prix plus qu'abordable.

Qu’on se le tienne pour dit, le concept de l’Anticafé est avant tout un projet de société plus qu’un business lucratif. D'ailleurs, les franchises ne sont pas très dispendieuses pour l'instant (15 000$) alors c’est le temps de sauter sur l’occasion si vous êtes à la recherche d’un magnifique projet communautaire où tout le monde y gagne.

Pour terminer (en potinant légèrement), il y a même des pourparlers concernant un projet à l'extérieur de Montréal avec l’ancienne championne de ski alpin Mélanie Turgeon. C’est pour vous dire à quel point le concept prend de l’ampleur et attire l’attention de tout un chacun. 

​Serez-vous le prochain? Moi j’pense que oui!

Crédit photo : Facebook Anticafé
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