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Une simple lettre d’amour

Auteur: Raphaël De Gaspard
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Une simple lettre d’amour
Crédit: Raphaël Gaspard

Le titre du texte est tiré de ma dernière lecture, Une simple lettre d'amour de Yann Moix. J'ai maintenant beaucoup de mépris pour ce jeune écrivain français (je dois au moins lui donner ça). J'en profite donc pour prendre ma petite revanche sur son roman qui traite des femmes comme des objets et avec beaucoup de mépris.

Il est 6h du matin. Encore une nuit à ne pas dormir. Ce matin, j'aurai eu besoin de venir te réveiller et qu'on déjeune ensemble. Moi avec mon café et toi, enthousiaste devant les possibles d'une nouvelle journée. Selon mes amis je fais une petite dépression. Gentiment cela veut dire que je ne dors pas bien. Je n'ai pas trop d'appétit et j'ai perdu du poids. Et parfois, l'envie de pleurer me prend dans le métro.

Écrire me fait du bien et peut-être qu'envoyer quelque chose de positif ferait du bien, à tous.

Crédit photo Raphaël Gaspard

Tu es arrivé dans ma vie sans le savoir, lorsque j'ai rencontré ta mère. Je venais de rentrer d'un été seul à vivre dans les montagnes de l'Ouest avec ma tente et mon sac à dos. Je tenais absolument à boire une bière dans ce bar de la rue Saint-Denis avec Rodney. Je suis arrivé en bus à Montréal à 17h et je fus assis au bar à 19h.

C'est là où j'ai rencontré ta mère.

On a dansé toute la nuit et dormis ensemble les quatre nuits suivantes. Je devais partir ensuite pour deux semaines afin de ramener un voilier du Saguenay à Montréal. Je me souviens très bien d'être assis à la barre, un peu après Tadoussac, et de prendre la décision de poursuivre ce que ta mère et moi avions commencé.

Pour tout te dire, tu as été conçue deux étés plus tard, dans une vieille voiture dans un pit de sable de l'Ouest canadien ou contre l'écorce d'un pin. Je me rends compte maintenant que je pourrais t'écrire des heures, mais je garde ça pour nous deux et ce n'est pas le but de cette lettre. Je voulais en fait rendre hommage à l'amour qui nous unit. Même si tu as deux maisons, l'amour on le partage à trois.

Je voulais rendre hommage à la force et l'amour que ta mère te donne, aux histoires que tu me racontes, aux conflits de cours de récré, à l'effort que tu mets pour apprendre le violon et au matin de mon anniversaire où tu t'es levé avant moi pour découper des coeurs en papier pour en faire un chemin de mon lit à la table de cuisine. Tu avais préparé un petit déjeuner d'oranges, de pain et de miel.
 


Crédit photo Raphaël Gaspard
Il y a aussi cette fête des Pères. Mon cadeau, c'était toi qui avais continué nos pratiques de ruelles avec maman pour réussir à tenir debout sur ton vélo.

Quand je n'y arrivais pas avec mon petit projet, tu m'avais écrit : «laisse-moi prendre soin de toi papa».
 

Quand tu es chez ta mère, ça me manque de venir te border et te regarder dormir. Ça me manque de te chanter les mêmes cinq berceuses depuis ta naissance (je sais, tu as presque huit ans). 

On est jamais prêt à être papa, on fait de son mieux. On donne tout l'amour qu'on a au fond de soi et on essaie de créer un environnement propice à l'épanouissement. Je me souviens qu'au début de notre séparation avec ta mère, le plus difficile était de réinventer un modèle familial qui serait le nôtre où tu serais bien.

Ça nous a pris un an pour se parler et laisser le temps aux blessures.

À te regarder vivre, je suis fier de nous. Ta maman est encore une femme que j'aime et respecte énormément. Toi, tu es et resteras le plus grand amour de ma vie. J'espère avoir la force d'élever une femme forte et libre de ses choix.

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