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L’homophobie subtile: une réalité qu’on oublie trop souvent
Crédit: Maxime Caron

Il y a de cela quelques jours, je suis allé souper avec une amie de longue date. Pendant le repas, on a eu une conversation où elle m’a raconté des tas de trucs qui m’ont un peu bouleversé, j’y ai repensé souvent pendant la semaine… ce qui m’amène à vous en parler ici.
 
Voyez-vous, il s’avère que mon amie en question, elle est homosexuelle. « Rien de fou, on est en 2016 quand même ». Oui, c’est ce que je croyais aussi. Mais apparemment, c’est encore quelque chose de bien spécial pour plusieurs.
 
On pense que l’homophobie, c’est seulement se faire taper sur la gueule et se faire crier des insultes. Cependant, c’est pas mal plus que ça. L’homophobie, ça peut être très subtil. Peut-être avez vous-même des réactions ou des idéaux qui pourraient blesser une personne gaie – sans même que vous ne le sachiez.

 
« Pour commencer, quand t’es une fille et que tu sors avec une fille, y’a toujours les gars straights qui trouvent ça ben hot. Ils te regardent avec un petit air comique, un peu comme si t’étais une joke. À plusieurs reprises, je me suis fait prendre en photo/vidéo quand je dansais avec une fille, parce qu’eux autres trouvaient ça ben sexy. Et j’aimerais dire que c’est arrivé juste une fois… mais c’est arrivé plus souvent que ça. »
 
Sérieux guys ?
 
Il y a aussi une belle histoire qui s’est produite dans un établissement montréalais dont on ne nommera pas le nom – mais où leur spécialité sont les concerts électro/dance et ça se trouve dans les eaux de Griffintown… on vous laisse devinez. Et bien voyez-vous, mon amie – qui ne faisait rien d’autre que danser et apprécier la musique – s’est fait sortir du concert par un bouncer officiel de l’endroit, parce que la tuque qu’elle portait ne correspondait pas au dress code du bar, alors qu’une tonne de gars portaient des tuques et des casquettes. « Ici, les filles doivent se tenir, pas avoir l’air de lesbiennes. » Cool.
 
« Ces exemples-ci sont un peu intenses, mais il a des trucs quotidiens auxquels on finit par s’habituer… la réaction des gens que tu rencontres – à qui tu dois constamment faire ton coming out (parce que oui, on y pense pas vraiment, mais un coming out, faut faire ça toute sa vie). Il y a aussi le fameux « ah ! feck tu veux pas d’enfants ? », les « pourquoi t’essayes pas avec un gars ? », les gens qui starent dans les transports en commun, ceux qui savent pas trop s’ils doivent te faire la bise ou te serrer la main comme un dude (parce que tsé, une lesbienne c’est pas vraiment une VRAIE fille), ou le monde qui utilisent un langage qui fait en sorte de différencier le nous et le eux. »
 
Une autre de mes amies, qui est aussi lesbienne, m’a raconté un truc qui au premier abord peut faire sourire, mais quand on y pense vraiment, on réalise que c’est un peu wrong. Elle s’en allait à un party, mais devait faire des courses sur le chemin. Elle transportait avec elle une énorme piñata mauve en forme de licorne, ce qui faisait en sorte que les gens se retournaient sur son passage. Normal. Cependant, elle m’a avoué qu’elle avait reçu moins de dirty looks des passants en transportant une grosse piñata dans les lieux publics, que lorsqu’elle marchait simplement en tenant la main d’une fille. Et ça, downtown Montréal.
 
« C’est juste poche. Et frustrant par moment. Mais tu finis par t’habituer et passer par-dessus. À un certain point, tu vis ta vie et tu ne remarques même plus ces réactions boboches là, ça te passes 10 pieds au-dessus de la tête. »
 
Peut-être. Le hic, c’est que je ne pense pas que quiconque devrait avoir à s’habituer à cela.
 
Come on les gens. 

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