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La série Narcos: spray net, moustaches, drogue et mégalomanie
Crédit: Netflix

Parmi la vingtaine de séries originales produites par Netflix depuis qu'ils se sont lancés sur cette hasardeuse route, on trouve de tout : comédies (Wet Hot American Summer), horreur campy (Hemlock Grove), drame politique (House of Cards), dramedy lesbo-carcéral (Orange is the New Black) et superhéros (Daredevil). On peut maintenant ajouter à la liste une série au sujet de laquelle je n'ai pas lu de critiques négatives, une production ambitieuse qui mélange histoire, gangstérisme et fétichisme 80's: Narcos.

La prémisse est assez directe; on y raconte les déboires de deux agents du DEA sur les traces de Pablo Escobar, le plus célèbre baron de la drogue que la terre ait porté. Comme dans The Wire, on nous présente les faits autant de la perspective des criminels que de la loi, mais contrairement à la série légendaire de David Simon, les nuances entre les vilains et les vertueux sont très minces.
 


Crédit : Netflix

Wagner Moura interprète Pablo Escobar de façon très crédible; les images d'archive qui présentent le véritable Escobar nous font réaliser que la ressemblance est quand même là. On retrouve avec bonheur Pedro Pascal – le fameux Red Viper de Game of Thrones – dans le rôle d'un agent du DEA dont la devise est « si tu veux comprendre les narcotrafiquants, il faut coucher avec les mêmes femmes qu'eux ». On a aussi droit à la présence régulière de l'habituellement jovial Luis Guzman, ici dans la peau d'un sinistre membre du cartel de Medellin.

L'action se déroule sur plusieurs années et explique l'ascension d'Escobar. Il y a énormément de personnages et de figures politiques, mais une narration fortement inspirée de Goodfellas, de Scorcese, souligne à gros traits tout ce qui se passe, au cas où vous auriez eu une absence cérébrale temporaire en trempant une chips dans votre salsa.

D'ailleurs, ça n'est pas le genre de série que vous pouvez visionner en faisant autre chose – outre la complexité historique et politique qu'elle met en scène, la majorité des scènes se déroulant en Colombie sont présentées en espagnol, et ont recours à cet ennemi juré de la paresse intellectuelle : le sous-titre.

Il est étonnant de voir à quel point les créateurs de la série ont respecté l'esprit de l'époque; la démesure et l'excentricité des années '80 remplissent chaque plan de caméra. Moustaches, lunettes démesurées, vêtements pastel, spray net et, pourquoi pas, un personnage va même jusqu'à fumer un cigare en avion.

Les deux premiers épisodes sont réalisés par José Padilha (qui est aussi producteur de la série), un ​Brésilien fort talentueux qui a fait sa marque avec le film d'action à petit budget Elite Squad en 2007. Il a depuis fait ses preuves à Hollywood en réalisant, entre autres, le récent remake de Robocop.

Les faits présentés sont pour la plupart historiquement authentiques et recoupent ceux d'un excellent livre de Roberto Saviano sorti il y a quelques mois, ZeroZeroZero, sur l'histoire de la cocaïne en Amérique du Sud, que je recommande fortement comme compagnon de visionnement pour la série. Votre investissement émotif ne sera pas vain, car Narcos est un réel plaisir à plusieurs niveaux, et Netflix viennent d'annoncer qu'il y aura une deuxième saison l'an prochain.

Les dix épisodes de Narcos sont disponibles sur Netflix.

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