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Montréal, ville de musique techno? Entretien avec Adrien Orlowski, co-fondateur de La Bacchanale
Crédit: Facebook La Bacchanale

Bacchanale, n.f. (latin bacchanalia, fête de Bacchus) : Littéraire. Débauche bruyante; orgie.

Bon d’accord, il faut en prendre et en laisser avec cette définition. Mais somme toute, « débauche bruyante », ça résume bien les soirées du collectif La Bacchanale, fondé il y a environ deux ans à Montréal. Cette tribu underground a une mission : faire découvrir à la métropole ce qui se fait de mieux en matière de musique techno. Et pas n’importe où! La techno, ça se délecte dans des endroits industriels, désaffectés, alors La Bacchanale se fait un plaisir de choisir les meilleurs endroits du genre aux quatre coins de la ville.

Justement, le prochain événement, ayant lieu demain vendredi 22 mai, sera au mythique Hangar 16. Oui, oui, le même Hangar 16 qui abritait le labyrinthe où on allait dans nos sorties d'écoles et de camps de jour étant jeunes. La tête d’affiche de cette soirée sera nul autre que le producer allemand Recondite, figure de proue du mouvement techno contemporain. À l’occasion de cette précieuse visite, j’ai rencontré Adrien Orlowski, co-fondateur de La Bacchanale, pour en apprendre plus sur ces amoureux de « débauches bruyantes ».

                                                                                     
N’importe quel fan de musique techno à Montréal peut difficilement ignorer l’existence de La Bacchanale, mais comment décrirais-tu votre collectif à un néophyte en la matière?
La Bacchanale est avant tout l’histoire de quatre amis qui ont voulu créer les soirées auxquelles ils rêvaient d’aller, mais qui n’étaient pas proposées sur la scène électronique montréalaise. Pour nous, il était question de participer à des évènements dans des lieux atypiques, jusqu’à l’aube, et avec des DJs de qualité. On tenait aussi à imaginer une thématique et la traduire par une scénographie pendant l’événement afin de créer un sentiment d’immersion. Ensemble, ce sont ces différents éléments qui créèrent « une Bacchanale ». Aujourd’hui, on la résume bien comme étant plus qu’un party, mais plutôt une expérience sensorielle et interactive.

Le 22 mai, vous recevez Recondite au Hangar 16, dans le Vieux-Port. À quoi peut-on s’attendre pour cette soirée?
L’événement du 22 mai est un cas exceptionnel puisqu’il se finira à 3 h [NDLR : contrairement aux événements habituels qui se terminent aux petites heures du matin]. Cela dit, on a quand même voulu proposer un projet hors du commun. L’événement se passera pour la première fois au Hangar 16, un entrepôt historique qui peut contenir jusqu’à 1800 personnes dans le Vieux-Port. Ce sera la première fois que ce lieu mythique recevra un événement de ce genre. 

On ouvrira les portes dès 20 h avec un accès sur la terrasse où l’on proposera un barbecue, des plats végés, et des cocktails. S’enchaînera tout le long de la soirée notre programmation musicale avec en tête d’affiche, Recondite, un compositeur allemand que j’aime particulièrement.

Vous semblez faire un point d’honneur à choisir des endroits atypiques qui donnent aux soirées une vibe très underground. Quels ont été vos endroits favoris à présent et quels endroits souhaiteriez-vous exploiter dans le futur?
C’est sûr que le choix du lieu de nos soirées est déterminant dans notre concept. Chaque lieu qu’on choisit se doit de contenir une âme propre pour permettre de provoquer des émotions fortes. Ce fut le cas du Studio Saint-Ambroise où l’on a pu organiser trois de nos évènements phares, soit Rodhad, Robert Hood et Jeff Mills, ou plus récemment du Temple où l’on a organisé Ellen Allien en mars, et où devait se dérouler Ben Klock. Malheureusement, pour diverses raisons, il devient de plus en plus difficile de trouver ce type d’endroit. Mais pas de panique, il nous reste encore quelques pépites à dévoiler.

La crowd de vos soirées est définitivement très européenne; quelle place pensez-vous que la techno occupe dans le paysage du nightlife montréalais?
La scène techno grandit à Montréal, c’est certain ! MUTEK et le Piknic contribuent à l’épanouissement de cette scène depuis longtemps déjà, mais il ne faut pas non plus oublier d’autres promoteurs plus underground qui chaque semaine proposent des évènements de qualité (The Ants, Human PauseGate). Notre projet à beau rassembler beaucoup d’européens, il s’adresse à tous, tant que chacun en respecte les valeurs associées. Car il faut tout de même savoir dissocier le bon du mauvais. On ne veut pas s’associer à l’EDM ou d’autres styles de musique électronique vide de sens..!

 

Ça fait quelque temps qu’on entend parler de « La Bacchanale Experience », un projet encore assez vague à mon esprit. Pouvez-vous nous en dire plus?
Oui et non [rire]. La Bacchanale Experience est notre festival qui sortira en septembre à Montréal. Bien que nous soyons encore en train de travailler dessus, nous aimerions proposer une programmation sur trois jours, deux nuits, dans divers lieux uniques de Montréal, et avec un lineup de qualité. L’idée étant de créer un voyage cohérent et quasi-narratif le temps d’un weekend. On donnera plus d’infos dans les semaines et les mois qui suivent… juste un peu de patience!

Quels artistes retrouveriez-vous sur votre lineup de rêve?
Céline Dion! Non je rigole. Non en plus elle est cool Céline… Plus sérieusement, Moodyman est un artiste que j’aimerais beaucoup faire venir. Après il y a des OVNI comme Laurent Garnier, normal. Plus varié : Todd Terje, ce retour à la disco, personnellement j’adore. Plus techno : Etapp Kyle que j’ai récemment découvert et que j’apprécie particulièrement. Et une tonne d’autres artistes plus ou moins connus que je me réserve sous peine de dévoiler le lineup du festival.

À part les usines désaffectées, quelles sont vos adresses préférées à Montréal?
Y’a un spot en haut du Mont-Royal que tu accèdes en escaladant à travers les bois et qui t’offre une super vue sur Montréal. C’est un super endroit pour se retrouver entre amis, boire, manger un barbecue et écouter du son. Après des endroits plus conventionnels : le bar du Datcha [le Kabinet] et plus récemment la Maison Sociale sur Saint-Laurent. Très cool!

Ton Barbier vise notamment à faire découvrir des nouveaux sons à nos lecteurs. Quelle toune / album / artiste écoutes-tu particulièrement ces temps-ci?
Mes deux albums en boucle de cette saison d’hiver ont été incontestablement celui de Tin Man, ODE, et celui de VRIL, Portal. À la suite de ce premier coup de cœur, on a justement décidé de faire venir Tin Man ce samedi 23 mai dans le cadre de la programmation d’Eliptik Magazine intitulée INSTANT. Il jouera un live de 2 heures dans le dôme immersif de la Satosphère et je garantis que ca va être fou.

Et pour terminer l'entrevue et bien entamer l’été, voici un morceau groovy tiré du classique Stand on the Word de Larry Levan :

Un gros merci à Adrien et à toute l'équipe de La Bacchanale pour cette entrevue! On se voit au Hangar 16 pour déguster un drink et pour se délecter du son de Recondite!

Vous pouvez encore vous procurer des billets!
 

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