La planète Terre atteinte par le phénomène Kardashian

Force est d'admettre que la terre entière a ressenti l’impact du fessier de Kim. Comme si une comète venait tout juste de frapper notre petit univers terrestre. Chacun d’entre nous semble se questionner sur le résultat de cette fameuse photo. Tous rivés sur notre feed Facebook, il semblerait que nous sommes profondément interpellés par ce type de nouvelle.

Mais passera-t-elle à l'Histoire, faisant oublier du même souffle qu'à pareille date, l’homme relevait un défi d’envergure en faisant atterrir pour la première fois, un véhicule spatial sur une comète? À en juger par l’étendue de commentaires que l’on voit circuler sur le Web, il semblerait que le booty de Kimmy ait réussi à voler la vedette à la ESA et à marquer l’existence de plusieurs en ce 12 novembre 2014, ô combien important.

Difficile de savoir si ces images qui nous sont soumises sont bel et biens réelles. Comment notre chère Kardashian fait-elle pour maintenir cette taille fine tout en exposant d’autres parties plus pulpeuses de son corps? S'agit-il réellement de ses fesses? Eh bien je ne vous apprends rien en lançant qu’il existe un joli concept qui s’applique à merveille à ce type de shooting: le photomontage. Photoshop, ça vous dit quelque chose? 

Pourquoi ne pas dénoncer immédiatement le message véhiculé par ce type de visuel et, par le fait même, les pratiques malsaines du monde de la pub? Le fake c’est de mauvais goût, tout le monde le sait. Et pourtant, tout le monde en parle.

Il est important de noter que derrière ce concept réside un artiste, un photographe du nom de Jean-Paul Goude. Connu principalement pour son travail au cours des années 70 et 80, il demeure à mon sens une véritable icône de la photographie, de l’illustration et du graphisme actuel. Il a connu ses meilleurs moments aux côtés de sa muse, la mannequin et chanteuse pop Grace Jones. C’est d’ailleurs au sein de cette relation qu’il crée l’un des montages les plus acclamés de l’histoire de la musique pour la couverture de l’album Island Life de Jones. Un chef d’œuvre considérant qu’à l’époque, les logiciels pour le traitement photo n’existaient même pas. La beauté c’est que de nos jours, il suffit de taper le nom de cet homme sur Google afin de pouvoir profiter de l’étendue de son travail et de quelques unes de ses meilleures œuvres.

Pourtant, nous sommes tous si préoccupés par le cul de miss Kardashian, des commentaires, des MEMES ou encore des réactions des autres sur les médias sociaux que l’on parvient à oublier qu’à la base un homme vient de nous donner une leçon. J'admire Goude, car avec ses deux récentes photos, il vient de nous prouver qu’en 2014, le succès se mesure désormais par le nombre de like et de share. Il vient tout de même de réussir à faire parler de lui et de Kim tout en faisant la promotion du magazine Paper, et cela, en moins de 24 heures, non?

Certes, il faut avouer que les multiples remakes des pages couverture du magazine qui parcourent le Web présentement demeurent assez drôles. Nous avons beau en rire et nous amuser à partager des images de Krispy Kreme Kim, mais j’aime m’imaginer qu’au final, la seule personne qui y prend un véritable plaisir se nomme Jean-Paul Goude. Confortablement installé dans son salon, il peut rire haut et fort alors qu’il  encaisse un chèque pour son récent travail. Après tout, il vient de prouver qu’il lui suffit simplement de recycler un de ses vieux classiques en y intégrant une star du moment pour atteindre le sommet.

Une belle leçon qui prouve que nous préférons alimenter notre quotidien de ce que l’on voit dans l’immédiat sans nous attarder à ce qui s’est fait dans le passé. Une star d'Hollywood avec un compte Twitter de 25.3 millions de followers demeurera désormais beaucoup plus importante qu'une vulgaire sonde envoyée à quelques 6.4 milliards de kilomètres pour recueillir de l'information sur une comète.